• Les Cahiers PREAUT

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Séminaires PréAut

Séminaire de Recherche sur l'Autisme

Sous la houlette de Marie-Christine Laznik, il continue son fonctionnement en groupe fermé, réunissant mensuellement des membres de l’équipe PREAUT et accueillant des professionnels ayant une pratique et une expérience des troubles autistiques. Ce Séminaire constitue le lieu indispensable qui maintient en éveil la réflexion de l’équipe PREAUT sur les derniers développements concernant l’autisme, et en particulier autour des questions soulevées par le rythme et la prosodie de la voix.

Présentation du séminaire

Le séminaire de Marie-Christine Laznik, qui a lieu le deuxième mardi du mois, est orienté principalement sur la communication orale entre la mère et son bébé (de un à huit mois environs). Il s’agit surtout d’études comparées entre le bébé normal et celui qui a des troubles de la relation. Comme la recherche Préaut, on s’y intéresse à la prévention de l’autisme.

Le matériel, commenté par les participants du séminaire, présente différents types de films :
séances avec Marie-Christine Laznik, thérapeute,
films didactiques de bébés normaux,
films d’archives familiales avec des enfants atteints de troubles de la communication.

Accompagnés d’enregistrement des voix des protagonistes et de projections sur écran des sons et de leurs caractéristiques graphiques.
Les courbes de la voix de la mère (motherese ou mamanais) montrent leurs variations typiques. Les courbes conjointes des voix du bébé et de ceux qui l’entourent (outre la mère, parfois le père, le thérapeute) nous intéressent ici.

Maya Gratier est Maître de conférences à ParisX. Lors du séminaire du 13 janvier, elle nous a exposé l’état de son travail et montré des enregistrements prêtés par Trevarthen.

Le 11 février, Gabriela Araujo et Erika Parlato de Oliveira( linguiste )qui travaillent avec Marie-Christine Laznik, nous ont projeté une séance filmée montrant une mère, son bébé de 7 mois (frère d’autiste et en léger retard cognitif) avec Marie-Christine.

L’un des modèles de références de ces interactions est Laura, une jeune écossaise de 6 semaines, étudiée par Trevarthen, pionnier et actuellement très actif dans ses recherches.
Il découpe la conversation mère-bébé en 4 cycles :
Introduction par la parole de la mère, calme.
Réponse du bébé et animation croissante.
Apogée d’excitation où les vocalisations sont échangées avec rapidité.
Dénouement calme et lent, autour d’une figure centrale où la mère imite une vocalise du bébé.

Chacun laisse à l’autre son temps de parole. Le bébé cherche à imiter les sons de la mère et ne produit aucun son rocailleux, aucun phonème, sauf peut-être des voyelles.
Les chercheurs anglais (en 2000 SN Malloch) définissent cette communicative musicality selon trois axes : pulse, quality et narration.
Pulse. Que nous pouvons traduire par impulsion, impulsion par des vocalises enclenchées par la mère, reprises par le bébé et conclues par la mère. Les auteurs se réfèrent aux improvisations musicales, le Jazz par exemple. Processus créatif qui suppose des participants une mémoire des thèmes et une anticipation des variations.
Quality. Il s’agit de la forme de la conversation qui se repère sur les graphiques : rythmes, silences, hauteurs de sons. Il y a des tons plats, montants, modulés ou descendants. On peut distinguer des temps d’excitations (plus aigus, plus rapides), d’apaisement (descendants, plus lents) ou de calme (lents avec des intervalles de silence plus longs), jusqu’à l’arrêt de l’échange.
Narration. Ce dialogue a du sens. Les auteurs anglais se réfèrent alors à l’appétence de l’Homme pour le langage et l’échange par la parole, spécifique de la culture humaine. Une tendance à faire du sens. En somme une proto-narration.
Car l’enfant n’a pas de mots, sauf parfois brièvement imités. Et son interlocuteur, souvent la mère (appelons le A pour Amour) emploie, lui, des mots, des phrases courtes, chantés avec beaucoup d’onomatopées. Comme : « c’est beau ça ! C’est bon ça ! Hum, miam, miam, je t’aime, je t’adore ». Si l’on essore ces signifiants, on en extrait un signifié, univoque : une déclaration d’amour.
La voix du bébé permet, soutient, approuve, relance ce discours. Et si pour lui on en restituait les signifiants, il dirait : « Ô, toi qui m’aimes, dis le moi encore et encore, j’en suis ravi ».
Selon Freud (et Préaut), il a bouclé son circuit pulsionnel. Faute de pouvoir s’embrasser lui-même, il doit passer par l’autre pour s’aimer. Son désir lui vient de A.
Il ne peut pas encore parler mais il peut satisfaire au jugement d’attribution de Freud (La Négation - Freud 1925) : « c’est bon pour moi ».
L’objet qu’il a attrapé en fermant son circuit pulsionnel, c’est lui-même.

Au cours de la séance projetée le 11 février, Marie-Christine Laznik stimule avec bonheur, en même temps que la mère, un bébé de 7 mois. A la fin, la mère, inquiète à cause du frère aîné autiste, conclus : « à son âge, il devrait faire plus que babiller et prononcer des mots ». L’enfant se met alors à pleurer de désespoir. Ce jugement d’existence l’annihile. Pourtant ce n’est pas sans espoir, les pleurs sont aussi un appel, et entendus, ils amènent consolation et restauration.
L’arrivée du langage, les mots vont multiplier les objets et leur perte sera moins grave que de se perdre soi-même.
Le concept de narration est une trouvaille heureuse. Il instaure le sens pour le bébé, très précocement. Il ne s’agit pas d’une préhistoire, comme l’interprètent les auteurs anglais, mais d’une histoire au sens plein. Histoire sans parole. Sans parole pour le bébé, qui, comme le psychanalyste, marque la scansion et relance le discours des analysants par des onomatopées.